L’égalité fout le camp, persévérons….

Publié le par MJS 18

Habitus, et conatude…


Avec un taux de chômage estimé à 11% fin 2010 selon l’OCDE, un taux jamais atteint en France, un président adepte du népotisme, persuadé que nous ne sommes que des benêts au point de nous faire des promesses impossibles, des scandales à la Gilles Pélisson, directeur d’Accor rémunéré 2700€ de l’heure, une jeunesse qui n’a plus rien à perdre, la devise de notre République ne tient plus.


« Ce qui compte en France pour réussir, ce n’est plus d’être bien né. Pour  réussir c’est d’avoir fait la preuve par son travail, par ses études, de ses valeurs… Je veux que le fils d’ouvrier ne soit pas condamné à être ouvrier. »


Le 26 Janvier 2010, l’émission « Ondes de Choc » de France 2 reprenait le discours que Nicolas Sarkozy avait énoncé le 13 octobre 2009, un discours  qui aujourd’hui encore sonne comme une insulte :


-auprès de nous autres, jeunes diplômés qui cumulons chômage et cdd alimentaires, ou cdi au smic pour les plus chanceux.


-auprès de nous autres jeunes diplômés bloqués chez nos parents à défaut de pouvoir prendre notre indépendance, faute de trouver un emploi digne (c'est-à-dire assez rémunéré pour  avoir notre propre appartement et vivre correctement.


Ce discours sonnait d’autant plus faux qu’au même moment, Sarko fils,  bac+0, demandait le poste de Président de l’Epad, le plus important quartier d’affaires d’Europe. Certains hommes politiques se révoltèrent contre les attaques injustes bien sur,  faites à l’encontre de petit Jean, déclarant que le pauvre se voyait fermer des portes car il s’appelait Sarkozy. Une aberration car le cœur du problème n’était pas son nom mais son parcours.


Un citoyen lambda  juste bachelier aurait-il pu prétendre aussi à la présidence de l’EPAD ?


Là était la question. Finalement, la Sarko-royauté nous a bien eu car la candidature de petit Jean à la présidence de l’EPAD n’était qu’un leurre, pour que la pilule d’administrateur passe inaperçue.  Dans quelques années, il pourra ainsi recandidater à la présidence de l’EPAD, sans oublier au poste de député en 2012, et à la Mairie de Neuilly en 2014, et personne ne pourra l’arrêter.


Quelques jours après cette polémique, l’EPAD indiquait sur son site internet, être à la recherche d’une chargée de communication. Ayant toutes les qualifications demandées, et même plus que petit Jean,  je décidai d’envoyer mon cv, mais comme je le prévoyais, et ce malgré mes relances, on ne me répondit jamais. Comme quoi un citoyen lambda passe bel et bien inaperçu. Il est clair que nous n’avons pas les mêmes chances de départ. Sur que si j’avais été « fille de », on m’aurait au moins reçue en entretien…Liberté, fraternité et pistonnade… « Je ne m’appelle pas Jean S. »


Forte d’un sujet à deux doigts de raviver une poudrière, pour sa première émission, Ondes de Choc, rediffusait aussi une partie du discours de Francois Fillon :

« Quand l’ascenseur social est bloqué, c’est le devoir de la République de descendre les escaliers pour aller repérer les talents et pour les aider à réussir. »

Il doit y avoir trop de marches car je n’ai pas l’impression qu’on vienne nous chercher.

« François ! Si toi ou tes collègues vous m’entendez depuis votre tour d’ivoire, sachez que ça ne me dérange pas de monter l’escalier ! Je peux prendre l’ascenseur pour aller plus vite, euh…il est où?»


Bouillonnant devant mon téléviseur, je cru ensuite exploser lorsque j’entendis Antoine Hebrard, gardien du bottin mondain (le « who’swho » livre symbole d’une aristocratie prétentieuse) déclarer :

« Etre fils de ce n’est pas forcément un avantage, ça peut être plus compliqué d avoir tout à perdre… »

Ah bon ? Le « fils de » aura toujours à manger sur sa table, un toit sur sa tête, une vie sociale ne serait-ce qu’à travers ses sorties mondaines, et l’insouciance qui va avec.

Antoine Hebrard sous entendait il que la jeunesse d’en bas n’avait rien à perdre ? Ne sommes nous pas en train de perdre quelque chose encore plus précieux qu’un nom à perpétuer et des cuillères en argent à lustrer : à savoir notre avenir ?


C’est justement quand le peuple n’a plus rien à perdre que le pays est en danger.

Preuve que la France d’en haut victime de ses œillères, est faite de préjugés sur sa sœur d’en bas, et ne connait pas la vraie vie : Lamia, une jeune avocate dans un cabinet américain de Paris ajouta bêtement :

« C'est forcément plus dur d'avoir envie de se lever le matin quand on sait qu’on en a pas besoin. »


Ce passage de l’émission fût celui où je manquai faire un infarctus. Elle se vantait d’avoir réussi sans piston, soit. Toutefois sans ses parents visiblement assez riches pour que Madame n’ait pas à jouer les caissières durant ses études, et pour que Madame puisse faire son master de droit aux United States….Aurait-elle réussi ? Pas sur. Je me demandai comment faisaient Sandi, une jeune bachelière qui avait du renoncer à son rêve d’entrer dans une école de vétérinaire, faute d’argent, et Victoire, une jeune diplômée de langues étrangères appliquées, qui aurait voulu faire une école de commerce, persuadée (à tort, encore un autre préjugé) que c’était la voie royale de la réussite ; pour rester calmes sur le plateau, face à de telles idioties.


Pour rebondir sur le propos stupide de cette jeune avocate, il semblerait que ne rien avoir à manger dans son assiette, et pas un copek dans son porte monnaie ne donne pas envie de se lever le matin. À moins qu’elle n’ai voulu dire  aussi que la France d’en bas, n’était qu’un ensemble d’assistés qui était si heureux de vivre au rmi et de manger des patates et des nouilles, qu’ils ne voyaient pas l’utilité de se lever le matin. Qu’il est dur se lever quand on a besoin d’argent. !


Comme disait Spinoza à travers son concept de conatus: « L'effort par lequel toute chose tend à persévérer dans son être n'est rien de plus que l'essence actuelle de cette chose. »


Alors persévérons mes ami(e)s ! Sur ce, bonne nuit…en espérant que nous ne peinerons pas à nous lever demain matin.

 

Btissam M'NARI

 

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